mercredi 3 mai 2017

CLAIRE d'AURELIE, l'âme de Paupières de Terre

Claire d'Aurélie, amie, conteuse, fondatrice des éditions Paupières de terre, s'en est allée brusquement le 14 janvier dernier. Un gouffre. Une année presque jour pour jour (le 15 janvier) après la disparition d'un autre ami très cher, JB Pontalis. Voilà le petit portrait que j'avais écrit pour le site internet de sa maison d'édition. En le lisant, elle m'avait dit en riant : "tu le publieras quand je serai morte !" - dc
Claire d’Aurélie, l’âme de Paupières de Terre


La vie est un conte. Raconter une vie c’est conter l’histoire d’une aventure personnelle qui traverse les strates infinies du temps. Imaginons le portrait de Claire d’Aurélie, plutôt que d’en tracer à grands traits les contours imprécis. On ne dit rien d’une telle vie si l’on commence par respecter les règles de la biographie, si l’on croit circonscrire Claire en quelques dates et références administratives, du genre « éditrice, conteuse,ornithologue ». Ecoutons-là : « Née dans une imprimerie, école buissonnière fructueuse, lecture sans fin ». Voilà qui est mieux. Ainsi commencent les bonnes histoires, les chemins sur lesquels s’édifient les contes, où grandissent les êtres qui prennent le temps de se construire, à petit pas, au rythme de la marche, de voyages modestes et de tours de France,de lectures, de contes et d’amitiés. Solitude et rencontres, Claire alterne le plein et le vide, allant de l’un à l’autre pour conter ce que les gens trop pressés ne verront jamais. Conter, écouter. Une manière de vivre qui apprend la générosité, le don, l’échange du confort contre celui de l’hospitalité. Claire dialogue avec les oiseaux et les hommes, tapissent les murs de son unique pièce avec une infinité de fragments, images de becs et de plumes, témoins de rencontres, papiers, écritures, matières, bribes de pensées, le tout constituant le décor d’un visible sans cesse réinventé, d’un invisible relevé par l’ensemble, d’un monde intérieur que côtoient les livres sources, les livres réalisés, les traces de véritables rencontres.

Et Claire fit naître Paupières de terre,qui dans un battement de cils ouvre l’esprit et convoque le regard vers l’ailleurs,à l’image des contes populaires qui, en quelques mots, nous transportent de l’Aveyron à l’Indonésie. S’il est fréquent de la croiser sur les routes et les chemins, valises lourdes et sacs remplis de livres qu’elle propose à ces librairies qui sont encore restées des librairies, Claire d’Aurélie ne s’encombre habituellement pas de bagages pour voyager. Elle nous démontre sans cesse qu’un livre suffit pour partir. Partir au loin comme partir en soi.Rêver, souffrir, désirer, aimer, penser. La vie est un choix. Une succession de choix, de croisements, de chemins qui constituent notre labyrinthe personnel : notre vie et sa complexité, riche de rencontres et de temps.En soi, la vie de Claire importe peu. Ce qu’elle a choisi d’en faire est un éternel présent, un don. Ses histoires, tous comme les livres qu’elle édite en sont les témoins.



(dc, le 22 mai 2012)
 Conteuse, messagère, éditrice, colporteuse, ornitholove-publiphobe.
En son regard on pouvait voir du ciel
le miroir. Et un instant penché 
sur ce miroir-là, vous receviez ce don
immense, étrange, d'un partage
où la part du ciel d'être humaine et 
peuplée d'ailes, vous consolait de l'absence
des dieux. 

Jacques Roman

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire