dimanche 25 mars 2018

ARTICLE Vers les confins, Le Courrier, 16 mars 2018

D'UN PAYS LOINTAIN 

"Ecrire est un voyage dont on ne connait pas avec certitude le commencement", note David Collin. Et, un peu plus loin : "Le voyage nous invite à un déplacement de soi, qui en retour permet de se déplacer "en soi", et de retrouver cet inconnu dont nous avions oublié l'existence." 'Vers les confins' se situe dans cette tension entre géographie intime et espaces bien réels, intériorité et confrontation au monde : le voyage comme l'écriture invitent à arpenter des territoires, à dépasser des frontières, à transgresser, peut-être, certaines limites - de soi comme du réel. 

Sous-titré "Voyage, dérives, épiphanies", le recueil rassemble une quinzaine de récits publiés dans des revues et des ouvrages collectifs. On suit David Collin de l'Inde à la Chine, de l'Espagne au Rwanda, l'auteur entrelaçant dans un dialogue fécond souvenirs marquants et réflexions. Ses déambulations sont en effet prétextes à méditations, quand une rencontre, un paysage ou un choc se répercutent durablement en lui. On y croise ainsi des villes étonnantes et des géographies rêvées, les fantômes de l'histoire et les auteurs aimés - la littérature n'est-elle pas un autre ailleurs ? Nicolas Bouvier y côtoie Ernest MignatteVictor Segalen fait écho à Enrique Vila-Matas, et Borges à Rousseau, autre rêveur solitaire. 
La Route éveille, révèle, "Vers les confins" est placé sous le signe des épiphanies, ces "illuminations profanes" dont parlait Walter Benjamin : soudain "il se passe quelque chose, et l'écriture en retrouve l'épaisseur (...), cherche un langage pour dire, nommer les faits". Dans "Marché lointain", David Collin raconte précisément un de ces moments de grâce, quelques secondes suspendues dans le silence et l'immobilité : le monde s'arrête soudain, trajectoires physiques et intérieures se confondent. "Ivresse, perte d'équilibre", note-t-il. Ce point zéro est celui d'un basculement. Le périple n'est pas seulement horizontal : au-delà du récit de voyage et de ses péripéties très concrètes et pleines de vie, David Collin explore aussi bien les espaces du dedans, une verticalité reçue comme un cadeau." (Anne Pitteloud, Le Courrier, 16 mars 2018).

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DE UN PAIS LEJANO

"Escribir es un viaje del que no se conoce con certeza el comienzo", señala David Collin, y un poco más adelante: "El viaje invita a desplazarnos dentro de nosotros mismos y a reencontrarnos con ese desconocido de quien habíamos olvidado la existencia. "Hacia los confines" se sitúa en una tensión entre la geografía íntima y los espacios reales, entre la interioridad y la confrontación con el mundo. Tanto el viaje como la escritura invitan a recorrer territorios, a cruzar fronteras, a transgredir quizá ciertos límites, los propios y los reales.

Subtitulado "Viajes, derivas y epifanías", el libro reúne unos quince relatos publicados en revistas y obras colectivas. Seguimos a David Collin. desde la India a la China, desde España a Ruanda. En un diálogo fecundo, el autor entrelaza recuerdos memorables y reflexiones. Sus deambulaciones son, en realidad, pretextos para meditaciones, cada vez que un encuentro, un paisaje o un choque, le dejan una impresión durable. Así se atraviesan ciudades sorprendentes y geografías de ensueño, los fantasmas de la historia y los autores admirados, no es acaso la literatura otro tipo de lugar lejano? Nicolás Bouvier se codea con Ernest Mignatte, Victor Segalen conversa con Enrique Vila-Matas, y Borges, con Rousseau, otro soñador solitario.

La ruta despierta, pone de manifiesto. "Hacia los confines" gira en torno a las epifanías, esas "iluminaciones profanas" de las que hablaba Walter Benjamin. De pronto "algo sucede y la escritura recobra su espesor (...), busca un lenguaje para decir, para nombrar los hechos." David Collin cuenta precisamente uno de esos momentos de gracia, unos segundos suspendidos en el silencio y la inmovilidad: de repente el mundo se detiene, los trayectos físicos se confunden con los interiores. "Embriaguez, pérdida de equilibrio", constata David Collin. Ese punto cero es el de un cambio rotundo. El periplo no es solo horizontal, más allá del relato de viaje y de sus peripecias bien concretas y llenas de vida, David Collin explora también los espacios interiores, una verticalidad que es recibida como un regalo."

Anne Pitteloud, Le Courrier, Genève, 16 mars 2018. 
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(Traduction en espagnol avec Susana Nigro)
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REF : 
David Collin, "Hacia las confines / Viajes, derivas y epifanías", Hippocampe editorial (Lyon), 2018 ("Vers les Confins / voyages, dérives, épiphanies", postface Claude Chambard, Editions Hippocampe 2018). 
                             

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