mardi 27 mars 2018

HOMMAGE à ELLA MAILLART

En mémoire d'Ella Maillart (20 février 1903-27 mars 1997) dont je n'ai que très brièvement croisée le regard, peu avant sa mort, et plus tard, dans un instant, dans une image, dans le regard d'un vieux ouïgour, sur un marché traditionnel de Khotan, au sud du désert du Taklamakan (Xinjiang, Chine). 
"Il s’est passé quelque chose d’inouï, je me suis senti perdu, et c’est ainsi que le voyage a commencé. A partir d’un point zéro, quand il n’y avait plus ni repère ni chemin. On ne déambule plus sur les traces de, vers ceci ou cela, c’est le monde qui passe autour de soi, qui nous traverse de part en part. Au Marché du lointain, dans la chaleur d’un début d’après-midi, j’ai manqué perdre l’équilibre.
On devrait marquer cet instant comme un lieu, dessiner un caractère sur le sable. Passé / présent. Un ailleurs intérieur, sans lieu défini, l’instant miraculeux où l’espace de rien du tout, restant à l’écart, je me suis senti au plus proche du lieu, de ceux qui l’avaient foulé. En « passant inaperçu » j’ai ressenti une proximité. Et, en ce lieu extrêmement condensé du voyage, j’eus le sentiment, comme jamais de m’approcher d’une résonnance, d’une épaisseur impalpable, d’une densité d’être, d’une vie qu’Ella Maillart savait percevoir sous le nom de « vie immédiate » ou ce qui ne peut être saisi."
David Collin, "Vers les confins", postface de Claude Chambard, Editions Hippocampe, 2018.




Photos : Ella Maillart (Cf. ellamaillart.ch/Musée de l'Elysée Lausanne)

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